lunes, febrero 06, 2012
LE MONDE
Ilustración para el periódico LE MONDE. Articulo a sobre el acoso cibernético.
Illustration for LE MONDE magazine. Article about "bullying" in internet
Mode de vie
SOS Ados harcelés sur internet
En à peine quelques jours, Marine, jolie brune de 14ans, s’est fait «pourrir le profil», comme on dit désormais dans les collèges. Mi-novembre2011, elle accepte de témoigner en faveur d’une copine de classe harcelée. Une semaine plus tard, sa photo, prise sur Facebook, se retrouve sur un nouveau profil du réseau. On y voit son visage suivi de l’intitulé: «Marine cyber tshoin». «Cela signifie Marine la pute, la salope», traduit Dominique Delorme, responsable du service Netécoute, qui s’est occupé de ce cas. Sous la photo également, la phrase: «Chronique d’une fille violée par un cyber.»
Ces commentaires font rapidement le tour du collège avant d’être découverts, par hasard, par le conseiller principal d’éducation (CPE). Démuni, celui-ci appelle, mi-décembre2011, le numéro
Netécoute, le 0800-200-000 (gratuit depuis un poste fixe). «Nous l’avons conseillé sur la démarche à suivre, explique M.Delorme. Ces listes de filles
“tshoin” sont une tendance émergente de cyberharcèlement.» Les auteurs fréquentent souvent le même collège que la victime et «les jeunes filles qui se montrent aguicheuses sur Facebook doivent se méfier», conseille-t-il. Le harceleur de Marine a été démasqué et vient de passer en conseil de discipline. Une plainte a été déposée au commissariat.
Tandis que, dans toute l’Europe, ce mardi 7février est décrété «Safer Internet Day», (1500 événements organisés en France pour promouvoir un Internet plus sûr), la «help line» française a de beaux jours devant elle. Par téléphone, chat ou mail, une quinzaine de personnes contactent quotidiennement la plateforme, créée en 2008 à l’initiative de la Commission européenne.
Nouveauté, un tiers des appels provient désormais de professionnels de l’éducation, comme le CPE de Marine, ou «d’infirmières scolaires ou de professeurs signalant souvent des harcèlements», explique Justine Atlan, directrice de e-enfance, l’association faîtière qui gère la plateforme.
Les appels de parents sont également nombreux et concernent majoritairement les 12-14ans. «Les années collège sont les plus à risque», ajoute MmeAtlan. Photos déplacées, mails crus découverts par les parents… «Certains adultes ont du mal à croire que leurs enfants âgés de 12-13ans font des choses qu’à 40ans eux-mêmes ne feraient pas», constate MmeAtlan. Ainsi, le «chantage au déshabillage, une manipulation assez rodée qui est devenue banale sur Netécoute», explique M.Delorme. Exemple: deux ados, équipées de web-cam, se parlent par écrans interposés. «Tu as vu, je n’ai pas trop de poitrine», dit la première en soulevant rapidement son tee-shirt. «Et toi?» L’autre s’exécute sans savoir que cette séquence est enregistrée. S’en suit un chantage pouvant aller très loin dans l’humiliation.
Pour motiver les ados à témoigner, la «help line» a mis en place à l’été 2010 un chat, plus accessible à la génération SMS. Et cela fonctionne. Ainsi, mardi 31janvier au matin, le plateau parisien d’assistance est sollicité par une jeune fille «qui se fait harceler par SMS et a peur que cela ne dégénère», explique Thibaud (le respect de l’anonymat a été demandé pour les «écoutants») qui répond par chat à l’intéressée. «Je lui conseille de ne surtout pas donner d’informations personnelles.» Au même moment, Claude, autre «écoutante», prend l’appel d’une maman inquiète. «Elle a découvert sur Facebook des photos gênantes prises dans l’établissement scolaire de son fils. Elle en a parlé au professeur principal mais celui-ci ne réagit pas. Elle me demande que faire.»
Ces prises de contact étant anonymes, le défi de Netécoute –actif de 9 à 19heures, cinq jours sur sept– est de répondre le plus complètement possible. Car personne ne sait si l’interlocuteur rappellera. Les contacts, «souvent lourds et longs», précise MmeAtlan, durent en moyenne une demi-heure. Dans les cas d’extrême urgence –trois ou quatre par an– un bouton permet de transférer l’appel au 119, numéro de l’enfance en danger.
Facebook est souvent au centre des problèmes soulevés: intimidation, harcèlement, chantage… Taper «pourrir le profil Facebook» sur Google permet de mesurer l’étendue du problème. «La Commission européenne a demandé à Facebook que toutes les help lines européennes aient un contact privilégié pour des règlements plus rapides», précise MmeAtlan. Ce «référent», désigné en septembre2010, permet de faire disparaître rapidement les pages très problématiques. Mais la créativité est sans limite: alors que les profils «tshoin» sont désormais proscrits par Facebook, apparaissent désormais des tshoiin, tshooin, tshooiin, Tshøin…p
Laure Belot
Suscribirse a:
Enviar comentarios (Atom)
No hay comentarios:
Publicar un comentario